Elles ont passé neuf jours à naviguer au beau milieu de l’immensité et la richesse du désert marocain. Cette sixième étape, une marathon de deux jours, marque la fin de l’aventure pour les Gazelles qui en ont profité jusqu’au bout.
C’est déjà la fin de l’aventure puisque l’étape 6 du Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc est la dernière étape de cette 34e édition. Les équipages partent pour une nouvelle étape marathon et, sur la ligne de départ, les émotions se mélangent entre soulagement dû à la fatigue et une nostalgie déjà palpable. « C’est déjà la fin, c’est passé très vite. On est tristes que ça s’arrête », confient Sandra et Audrey, de la team 243 (Sandra DA SILVA RODRIGUES / Audrey CLETIENNE) , qui ajoutent : « On s’est créé de supers souvenirs ». « C’était long et, en même temps, c’est passé très vite », réagit Chantal, de la team 176 (Chantal KIRMANN / Carole HUBER) . Pour la dernière étape, son objectif avec sa coéquipière Carole c’est « de se faire plaisir et ménager notre 4×4 pour passer la ligne d’arrivée ».
« On a un peu la boule au ventre, j’ai envie de bien terminer et pas finir sur une mauvaise note », explique Sophie, de la team 201 (Rhita LOCHERON JERRADE / Sophie QUERO) . La Gazelle peine à réaliser « qu’il va falloir reprendre la vie d’avant ». Pour Bérengère et Chloé, de la team 110 (Chloé HAUER / Bérengère HAUER) , « la fatigue se fait sentir » mais les Gazelles se réjouissent de passer « une nouvelle nuit à la belle étoile ». En attendant, elles comptent bien « profiter et aller chercher toutes les balises ».
Pour Marine et Julia, de la team 200 (Marine TAIB / Julia ALLARD) , le départ a une saveur particulière puisque les Gazelles n’étaient pas certaines de pouvoir partir après une panne mécanique. Heureusement, grâce aux formidables mécaniciens du rallye, elles peuvent bien partir pour cette dernière étape. Une ultime étape qui leur fait prendre un cap vers l’ouest et notamment, pour celles qui le souhaitent, se frotter aux dunes de Chegaga.
Les Gazelles, expertes du détankage
Qu’elles y aillent ou non, les Gazelles vont avoir du sable sur leur parcours. Rien d’insurmontable grâce à la solidarité sans faille qui règne parmi les équipages. Les 300 en bénéficient rapidement. Rachel, de la team 140 (Rachel BARBIER / Valérie BARIDON) , arrive à la rescousse. « La pression des pneus, c’est la base les filles ! », souligne-t-elle. Effectivement, une fois les pneus un peu dégonflés, la Dacia Duster repart facilement. Quelques mètres plus loin, ce sont Valérie et Cathy, de la team 136 (Cathy PHILIPPART / Valérie SEELI) qui connaissent le même sort. « C’est notre premier tankage du rallye, il en faut bien un », ironisent les Gazelles.
Comme d’habitude, la balise 1 donne le ton de l’étape : les équipages tracent leurs points et évaluent les difficultés du terrain. « On est déjà passé dans le coin de la balise 2 hier donc c’est moins l’inconnu mais on va aborder la suite checkpoint après checkpoint », détaillent Séverine et Marie, de la team 604 (Marie BRABANT / Séverine MARY) . L’objectif pour ces e-Gazelles est d’arriver en balise 5 avant 21h pour recharger leur véhicule. « On n’a pas réussi à le faire à la première marathon et on a eu des pénalités, cette fois-ci on aimerait bien éviter », soulignent-elles.
Les passages de sable donnent déjà des sueurs froides à certaines. « Hier, on s’est tankées trois heures donc le but c’est d’éviter au maximum le sable », expose Carla, de la team 142 (Nathalie SALMON / Carla SALMON) . Si elles s’en sortent bien, plus loin, Adélaïde et Prune s’ensablent et sortent pas moins de six plaques pour s’en sortir haut la main !
Un orage s’invite sur l’étape 6
C’est plus compliqué pour Laurence et Sabrina, de la team 225 (Sabrina AUTRET / Laurence AUTRET) , qui se retrouvent tankées alors que l’orage gronde. « Le tankage on connaissait mais, là, sous l’orage c’est assez inédit », font remarquer les Gazelles. Pluie, vent de sable… Les températures chutent de 15 degrés en quelques minutes seulement et le paysage change du tout au tout. Le sable oscille entre différentes teintes de brun, du jamais vu !
L’orage est particulièrement difficile pour les buggys, notamment pour la team 23 (Emilie CAZAL / Aimée AMBROSINO) , qui n’a plus de toit depuis l’étape 2. Fairouz et Noéline, de la team 601 (Fairouz LAOUKILI / Noeline MAAS RHANNOU) , se retrouvent, quant à elles, entièrement couvertes de bout. « Ce qui est bien, c’est qu’au rallye, on peut s’attendre à tout », ironise Jessica, de la team 210 (Jessica TRIVERO / Aurélie CHARMETTE) . « Un orage en plein désert, c’est incroyable », s’enthousiasme Aurélie, de la team 193 (Manuela AMARAL / Aurelie BAUDISSON) . Dans ce nouveau décor, après les tankages, les équipages découvrent les joies de l’embourbement. Comme dans le sable, la solidarité s’illustre. « Quand on détanke les copines, on est aussi contentes que si c’était nous », affirme Laury, de la team 227 (Aurélie HECHEMI JASICKI / Laury GAUTHIER) .
En arrivant en balise 4, le vent s’est levé, rendant la suite de la navigation compliquée et d’autant plus que le drapeau symbolisant la balise doit être abaissé. Alors qu’elles avaient prévu d’installer leur campement à ce checkpoint, plusieurs équipages décident finalement de faire cap en direction des checkpoints 5. « Avec un peu de chance, il y aura moins de vent là-bas », espère Chantal.
Coucher de soleil et ciel étoilé pour une belle soirée
Pour cette cinquième étape, il y a deux balises 5, qui détermineront la suite du parcours pour les Gazelles. Celles qui souhaitent rouler dans le sable, s’installent en X pour aller chercher les trois balises suivantes au milieu des dunes. Les autres se retrouvent sur un plateau, entouré de dunettes pour le plus grand bonheur des équipages qui grimpent au sommet afin d’admirer le coucher de soleil. Certaines se réunissent pour partager le spectacle, d’autres préfèrent s’isoler pour un moment de méditation.
Une fois le soleil couché, place à la fête ! « On trinque à nous les warriors et à tout ce qu’on ne pensait pas être capables de faire », se félicitent les Gazelles des teams 104 , 211 , 217 . Chacune a rapporté ses spécialités régionales pour accompagner le champagne qui accompagne la soirée.
Après une dernière nuit sous un ciel étoilé, il est temps de clôturer l’aventure. Et, pas question de le faire à moitié ! « Pour la dernière journée, on va essayer d’aller tout chercher en faisant le moins de kilomètres possible mais surtout en essayant de ne pas casser », expliquent Marine et Géraldine, de la team 159 (Geraldine POTTIER / Marine VANIER) . « On va aviser au fur et à mesure des balises mais on va essayer de faire comme d’habitude et tout checker », racontent Sandra et Nadia, de la team 184 (Sandra DECOURTRAY-TYSON / Nadia GHEBRID) .
« Le plus beau paysage depuis le début du rallye »
Vient le temps de la dixième balise, la toute dernière de la compétition. Forcément, elle a un goût particulier. Chantal, de la team 176 (Chantal KIRMANN / Carole HUBER) , arrive les larmes aux yeux. « C’est une belle émotion », rassure la Gazelle, qui se dit « fière de terminer en ayant réussi à trouver toutes les balises de l’étape ». « C’est le premier jour où on valide tout », se félicitent également Vanessa et Virginie, de la team 106 (Virginie LAQUIERE / Vanessa TRAUQUET) . Manuela et Aurélie, arrivent de leur côté en klaxonnant. « Même si c’est terminé, on va continuer à voir des drapeaux rouges encore longtemps », ironisent-elles.
« C’est trop chouette d’avoir les 10 checkpoints de la dernière étape parce que c’était pas gagné mais on l’a fait, on est trop contentes », se réjouissent Elisabeth et Flore. Laurence et Caroline, de la team 215 (Laurence BAI / Caroline SIMON) , dressent déjà le bilan de leur aventure : « On n’a rien cassé, on ne s’est pas disputées, on a fait des supers journées ». « En plus, on finit en beauté, c’est le plus beau paysage depuis le début du rallye », selon les Gazelles, qui se disent « prêtes à faire une semaine supplémentaire ».
La fierté sur la ligne d’arrivée
L’émotion est encore plus concrète sur la ligne d’arrivée, matérialisée par une remise de médaille officielle aux couleurs du rallye. Les Gazelles sont accueillies et chaleureusement applaudies par l’équipe d’organisation. Une arrivée symbolique qui touche les équipages, comme Eliane et Lucile, qui tombent dans les bras l’une de l’autre. L’arrivée de certains équipages s’accompagne de sorties de drapeaux : catalan pour la team 166 (Jessica BORDES / Hélène NIVET) , marocain pour la 168 (Malika AJAHA / Hajar EL BIED) .
Pour Charlyne et Aliénor, de la team 151 (Alienor LASSALVY / Charlyne SEGUIER) , ce sont les larmes qui coulent. « C’était éprouvant, loin de nos familles, mais on l’a fait, on est trop fières de nous », décrivent-elles. « C’est une aventure unique. On se retrouve dans des situations incroyables… Il y a, d’un côté, l’esprit de compétition mais en même temps une telle entraide, c’est vraiment beau », énumèrent les Gazelles de la team 114 (Elodie BOSSEBOEUF / Linda MILLOGO) .
Le franchissement de la ligne d’arrivée marque aussi le retour à la réalité pour les équipages. Après avoir remis leur matériel de sécurité, elles peuvent enfin récupérer leurs téléphones après huit jours de déconnexion mais, étonnamment, elles sont rares à les rallumer et préfèrent se retrouver au cœur du bivouac pour partager un dernier moment privilégié entre Gazelles.